Sophie Van der Linden, commissaire de l’exposition“L’illustration des contes, tradition, innovation, création” a retracé les grandes évolutions de l’illustration des contes du premier
recueil des contes de Charles Perrault à l’album contemporain, en un exposé illustré qui a remonté le fil chronologique de cette production.
Compte rendu de la conférence
Samedi 23 janvier, le CRRAI a invité Sophie Van der Linden, théoricienne de l’album, à nous parler des contes illustrés et de leur histoire.
Après avoir identifié pour notre public quelques grandes tendances dans l’évolution de l’illustration des contes au fil des siècles, et après nous avoir fait découvrir ou redécouvrir de magnifiques versions, Sophie Van der Linden a interrogé Joanna Concejo (née en 1971 en Pologne) au sujet de son Petit Chaperon rouge paru chez Notari; celle-ci lui a répondu :
« En réalité, j’avais très envie d’illustrer ce conte, je ne sais pas pourquoi, mais je savais que j’avais quelque chose à raconter ; j’ai connu le conte à travers la version orale que me racontait ma grand-mère et je me disais alors : mais quelle fille stupide… ! Elle avait juste un panier à aller porter….pourquoi elle discute avec le loup… ? »
Or à l’âge adulte, Joanna a compris que c’était la chance de sa vie cette rencontre dans la forêt. C’est au départ une maison d’édition coréenne qui lui a demandé d’illustrer le texte des frères Grimm : Joanna tenait peu à cette version mais comme elle avait carte blanche, elle a expliqué ses choix esthétiques à la fin du livre.
Quand Notari, maison d’édition suisse francophone a décidé d’éditer le livre en langue française, la broderie finale a été ajoutée ainsi que la version de Perrault : Joanna en a été perturbée car elle trouve que cela rend l’histoire illisible. Cependant Sophie souligne qu’il y a là une grande cohérence avec le fil rouge notamment. Cette nouvelle version hors norme du Petit Chaperon rouge commence par une forêt bouleversante car vide à l’inverse de chez Gustave Doré. Joanna précise que la forêt est réellement un des personnages du livre.
Quand Notari, maison d’édition suisse francophone a décidé d’éditer le livre en langue française, la broderie finale a été ajoutée ainsi que la version de Perrault : Joanna en a été perturbée car elle trouve que cela rend l’histoire illisible. Cependant Sophie souligne qu’il y a là une grande cohérence avec le fil rouge notamment. Cette nouvelle version hors norme du Petit Chaperon rouge commence par une forêt bouleversante car vide à l’inverse de chez Gustave Doré. Joanna précise que la forêt est réellement un des personnages du livre.
Les illustrations de Joanna ont ensuite été éditées par une maison italienne Toppittori à laquelle Joanna avait transmis son fichier PDF sans texte. Et là, ô surprise, c’est l’éditrice et auteure Giovanna Zoboli qui a écrit le texte sur les images : « elle avait tout compris », nous dit Joanna qui conclue en disant que « le loup appartient au monde de la forêt tandis que le petit Chaperon appartient au monde du village mais qu’elle va sortir grandie de cette expérience ».
Quant à ses illustrations du conte d’Andersen Les cygnes sauvages, c’est une proposition de l’éditeur Notari. Curieusement, Joanna estimait que ce conte n’avait pas besoin d’être illustré. Ce fut donc très laborieux pour elle, elle a réfléchit pendant 1 an, a fait des essais qui ne marchaient pas, puis elle a trouvé : les 2 moineaux aux crayons de couleurs qui encadrent la double page en noir et blanc fut sa 1ère image pour ce texte. Joanna est née et a grandi dans une région pleine de forêts et de lacs ; elle aime laisser les choses sortir toutes seules de sa tête.
Sophie demande alors s’il n’y a pas des contes plus ou moins propices à un travail d’illustration : Joanna confirme qu’effectivement chez Andersen, on a un conte littéraire à l’écriture pleine. Et Sophie de conclure en comparant le travail d’illustrateur à celui du conteur : « c’est le vide du texte qui appelle l’image ».
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