Né au début du siècle dernier avec l’éclosion de la presse pour la jeunesse, cet artiste va créer de 1902 à 1950 une multitude de personnages autour de Bécassine, dans un style graphique nouveau : la ligne claire.
Sollicité par Delagrave l’éditeur du Saint-Nicolas et L’Écolier Illustré, puis par Henri Gautier l’éditeur de La Semaine de Suzette, il collaborera par la suite avec Jean Nohain à la page hebdomadaire pour enfants de l’Écho de Paris et à la création de Benjamin. Ainsi, occupe-t-il avec les albums de Bécassine, Frimousset, Grassouillet une place prépondérante dans la littérature de la jeunesse de l’entre-deux-guerres.
Résumé de la conférence de Bernard Lehembre
Bernard Lehembre a commencé par nous parler de Bécassine bien sûr ! Ce personnage quitte son monde rural et est perplexe devant toutes les nouveautés apparues en ville ; tous les lecteurs se reconnaissent devant ces bévues.
Monsieur Lehembre, historien qui s’intéressait à l’exode rural, en est venu un jour à s’intéresser à Bécassine et à son père graphique Pinchon. Or, quelle n’a pas été sa surprise de voir qu’il n’y avait rien de publié à la BnF sur cet artiste. Et c’est ainsi qu’a commencé son travail d’enquêteur.
Lors de son enfance, Joseph Pinchon était scolarisé chez les jésuites à Amiens ; il ne rentrait pas toujours dans sa famille à Noyon mais jouait dans la cathédrale car le frère de sa grand-mère en était le chanoine ! Peut-être faut-il voir dans les sculptures des stalles l’origine de ses dessins : tout le peuple rural picard est là !
Aux Beaux-Arts à Paris, il apprend le figuratif et la peinture historique et devient peintre animalier. Du même âge qu’Henri Matisse, Pinchon ne prendra pas part à la révolution qui s’opèrera dans le monde de la peinture suite à l’exposition universelle de 1900, il continuera ses scènes de vénerie.
Par contre il va profiter de l’explosion de la presse pour la jeunesse. Pinchon fait ses 1ers pas avec la revue St Nicolas en illustrant un texte de Willy, l’automobile enchantée. Puis c’est son jour de chance quand il se rend chez Henri Gautier, ami de son éditeur Delagrave : Mme Rivière rédactrice en chef d’un tout nouveau journal qui doit partir à l’imprimerie, est ennuyée car un dessinateur n’a pas livré sa page. L’erreur de Bécassine comble le manque pour le 1er numéro de la Semaine de Suzette.
Et n’en déplaise aux bretonnes, Pinchon dessine une paysanne qui pourrait être hollandaise ou picarde, mais en aucun cas bretonne à ce moment-là, devant un plat pays qui évoquerait plutôt la Baie de Somme !
Le succès de Pinchon se poursuit parallèlement au destin de Bécassine ; il réalise les costumes de l’opéra Garnier, pour Faust de Gounod ou Lakmé de Léo Delibes après s’être rendu au Cabinet des Estampes pour travailler l’exactitude de ses croquis.
Un jour, il fait la connaissance d’un jeune garçon Jean Nohain : sous le pseudonyme Jaboune, celui-ci écrira les scénarios de Frimousset qui sera dessiné par Pinchon : cet orphelin de 8 ans est un enfant de l’immédiat après-guerre dont les aventures seront prépubliées dans la page réservée aux enfants du quotidien L’écho de Paris.
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